Moi c'est Blake, né un beau jour de juin, mais peu importe... J'ai vécu une enfance assez tranquille, banale. Disons que je n'étais pas un bad boy, mais je n'étais pas un petit garçon sage non plus. J'ai toujours eu ce petit côté rebelle et bagarreur que j'ai aujourd'hui, il était seulement moins prononcé. Je ne faisais jamais comme mes parents voulaient que je fasse, me comportant comme ils ne voulaient pas me voir le faire. J'ai toujours été comme ça, je le vivais comme un défi, en quelque sorte, la transgression des règles étant toujours plus amusante selon moi. A l'âge de 7 ans, ma petite soeur est née, à laquelle je me suis très vite attachée, devenant très protectif envers elle, pour moi rien ni personne ne pouvait rendre ce visage triste et plein de larmes. Ils n'avaient pas le droit. Et puis, 5 ans plus tard, tout a basculé...

Ses yeux se sont fermés à jamais. Mon père, ma mère, moi. On s'en est sortis. Mais pas elle. Ma soeur... Mon innocente et douce petite soeur. Pourquoi elle ? Pourquoi seulement elle ? C'était tellement... Injuste. J'en ai immédiatement voulu à mon père. C'était sa faute... Elle était morte par sa faute. Je fis tout pour encore plus les contredire, enchaînant les conneries suivies par leurs engueulades. Mais je m'en fichais... Tout ce que je voulais, c'était oublier la douleur. Je ne voulais plus souffrir, je ne voulais plus rien sentir, tout ce que je voulais c'était me défouler, être moi et ne plus m'attacher à rien ni personne... L'amour fait mal quand on perd un être cher... En grandissant, cette violence s'était calmée, mais je restais toujours en retrait, créant comme une carapace autour de moi, n'ayant pas de véritable ami, juste quelques connaissances avec lesquelles je m'entendais bien. Ca me convenait. Personne à qui m'attacher, personne à pleurer. Et c'était très bien comme ça.

Et puis, il y a eu Athéna. Ca avait commencé par une simple bousculade, suivie d'une dispute. Puis il y avait cette sensation en moi, comme un choc soudain, je le savais, sans en savoir la raison, mais cette fille, elle allait tout changer. Je m'étais promis, pourtant... Ne plus m'attacher. Ne plus rien ressentir pour personne. Mais c'était plus fort que moi. Rapidement, je voulus apprendre à la connaître plus, savoir qui elle était, mais elle, apparemment, n'avait pas vécu cette rencontre assez brutale de la même façon que moi... Chaque fois, j'avais le droit à des refus catégoriques de sa part. Et puis, à force de détermination et de quelques sourires de ma part, petit à petit, elle apprit à me faire confiance, à mieux me connaître, et finalement, tout s'enchaîna. On devint très amis, se confiant tout l'un à l'autre, sans peur de la réaction de l'autre. On était bien, comme ça. Ensemble, sans craintes. On savait tout l'un de l'autre, qui l'on était réellement, et c'était suffisant.

Ou peut-être pas. Et soudainement, je réalisais. Ce n'était pas suffisant. Elle était plus qu'une amie. Un constat brusque... Mais oui, je l'aimais. Je finis par lui avouer, le sentiment étant réciproque me remplit de bonheur, passant mes journées avec elle, me fichant éperdument du regard des autres. Pour eux, nous formions un couple étrange, et c'était sûrement vrai, mais peu m'importait, tout ce que je voyais, tout ce que je voulais, c'était elle. Elle était mienne, et c'était tout ce qui comptait.

Mais un jour, d'un coup, tout s'écroula. Quand elle m'avoua. Elle était malade... Non, ce n'était pas possible. Pas elle. Pas après ma soeur. C'était juste impossible... Elle avait beau me dire tout ce qu'elle pouvait pour me rassurer, elle mentait, je le savais. Je ne pouvais pas la perdre. Pas elle. Pas comme ça. Ma réaction fut de fuir, inconsciemment. Je m'éloignais d'elle, je ne voulais pas que mon coeur soit de nouveau brisé... J'agis à l'instinct, et puis, un jour, je décidais juste de m'engager dans l'armée, partir en Afghanistan, loin... Pour que ni elle, ni moi, ne souffrions. C'est ce que je pensais être juste, sur le moment... Je partis, combien de temps exactement ? Je ne sais pas. Le temps était tellement différent ici... Toutes ces horreurs dont je fus témoin. Voir tous ces gens mourir autour de moi... Me demandant si un jour mon tour viendrait, ayant parfois envie juste d'en finir et d'y risquer ma vie pour de bon, mais la pensée de la revoir un jour, Athéna, mon amour, me retenait, me maintenant en vie, malgré tout ce qui se passait autour de moi. Je vivais pour elle.

Et je suis revenu. Comme je l'avais promis. Voulant lui faire une surprise, je me dirigeais chez elle, un petit sourire aux lèvres. Soudain... Je l'ai vu, au loin, je la pensais seule. Je me dirigeais donc vers elle, silencieusement... Et puis un bras est venu autour d'elle ; un tendre baiser déposé sur ses lèvres. Et ce gars n'était pas moi. Je réalisais mon erreur... Je l'avais perdu. J'avais tout fait pour, après tout... C'était ma faute. J'étais parti, et j'ai été assez idiot pour penser que tout serait simple, une fois revenu. Qu'elle m'aurait attendu. Elle n'était plus mienne. Tout s'écroulait, encore une fois, mais cette fois, c'était moi qui avait tout causé. Je n'aurais jamais dû fuir... Et je ne veux qu'une seule chose ; qu'elle revienne... Peu après, je me décidais donc à donner signe de vie, par ces simples mots « Je suis de retour... ». La colère et la tristesse entremêlés m'empêchant d'écrire quoi que ce soit d'autre... Mais au moins, cela avait la mérite d'être clair. J'étais enfin revenu, déterminé à la récupérer, et réparer mon erreur...