Dolorès est une femme double et déconcertante. Elle possède une nature inquiète et nerveuse, parfois proche de l'angoisse. Mais elle est également très active, dynamique, et veut donner une impression de force à ceux qui la côtoient. Certainement pour cacher ses inquiétudes sous une carapace, afin de se protéger. Néanmoins, avec elle rien ne dure et elle est capable de passer facilement de l'enthousiasme à la déprime, dramatisant tout et amplifiant terriblement le moment présent. Ce trait de caractère la rend difficile à comprendreet le moins que l'on puisse dire est que sa cyclothymie déconcerte assez son entourage. En fait, l'union du 7 et du 8 chez elle est l'association de valeurs de feu, de passion, d'exagération, d'activité débordante, d'autorité, d'impulsivité... et de valeurs d'eau, de réserve, de réflexion, de passivité, de sensibilité et d'intériorité... ce qui n'est évidemment pas aisé à vivre ! Elle peut donner l'impression d'être une femme capricieuse ou excessive, alors qu'elle a, en réalité, beaucoup de mai à harmoniser ces deux tendances incompatibles. C'est une femme dont les contrastes peuvent être saisissants : elle peut passer du sport de compétition à une recherche mystique ou métaphysique.Aussi, lorsqu'elle est enfant, faut-il tenter de la dompter avant qu'elle n'ait raison de votre gentillesse ou de votre patience. Parents, favorisez les activités physiques (danse, sports) ainsi que le développement de sa sensibilité. En fait, Dolorès a souvent un côté sauvage et veut paraître plus dure qu'elle n'est en réalité, ce qui lui permet de se protéger. Ne vous fiez pas à cet air ironique ou cynique qu'elle affiche parfois. C'est au contraire une hypersensible, très tournée vers son foyer dont elle attend affection et chaleur. Elle est souvent beaucoup plus inquiète et craintive qu'elle ne veut bien le reconnaître.

Dolorès a le goût du pouvoir et du commandement, qu'elle est d'ailleurs tout à fait capable d'assumer... Elle aime le travail bien fait et n'hésite pas à prendre des responsabilités qui devraient incomber à d'autres. La réussite l'attire. C'est pour elle une façon d'obtenir un certain bien-être matériel qui lui permet de se rassurer. Côté cœur, c'est une femme énigmatique, un sphinx, qui ne fait rien pour mieux être comprise. Tantôt formidable, chaleureuse, démonstrative, généreuse... tantôt renfermée, blessée, déçue et amère... N'oubliez pas cependant que ces attitudes parfois contradictoires cachent une grande romantique qui a besoin d'aimer et d'être aimée. Ses sentiments sont sûrs et profonds et sa moralité est stricte. Hôtesse remarquable lorsqu'elle le veut bien, elle séduira par sa nature enjouée, parfois excentrique ou exaltée. Elle sait recevoir comme personne!


A Ville d'Avray, la ville où je suis née et où j'ai grandi, il y a un petit étang. Depuis toute petite j'adore y aller pour voir les gens vivre et les ignorer. Leur montrer que je m'en fous d'eux, c'était mon petit plaisir. Je me fermais dans un mutisme inquiétant ce qui m'a valu des remarques bien désagréables. On pensait que j'étais folle. Mais je ne l'ai jamais été! J'ai toujours été lucide sur tout et c'est justement ça qui me rendait spéciale.

« Dolly ma chérie, tu ne veux pas dire un mot pour une fois? »

Mes grands yeux bleus s'étaient posés sur le visage contrarié de ma mère. Non, je n'allais pas parler. Je n'allais pas lui parler! Elle était tellement pathétique. Ma mère était mannequin pour mains. Elle avait toujours aux doigts des faux ongles trop colorés, trop longs et juste... Trop moches. Bien que mignonne, elle s'était dégoté le pire des maris à mon sens.

« Dolores, tu ferais bien d'écouter ta mère ou je te fais interner! »

Mon père, je ne le regardais plus depuis belle lurette. Je ne faisais que l'écouter et encore.. Si on pouvait trouver pathétique ma mère, je ne sais pas quel mot il faut employer pour ce mec-là. Sans le regarder, je savais qu'il était toujours aussi grand, toujours aussi gros et toujours aussi moche. Et il y avait sa moustache qui était à son image aussi : grande, grosse et moche. Je le trouvais crasseux, je ne pouvais envisager qu'il pose un doigt sur moi sans que je fasse une crise phénoménale. Avant que mon frère vienne au monde, mon père était routier, il a tout arrêté à sa naissance ce qui fait que je l'ai toujours connu au chômage et sans but dans la vie.
Évidemment, il y avait aussi mon frère, Sixte. Sixte était et est parfait. On se ressemble tout en étant très différent que ce soit physiquement ou moralement. Sixte, lui, croit en la vie. Moi, je ne crois en rien.

« Elle me parle à moi, Dolores n'est pas folle. »

« Bien sûr qu'elle te parle, elle est aussi débile que toi fiston! »

Je n'avais pas regardé le reste de la scène mais j'ai compris que ça n'avait pas plus à Sixte et qu'il avait levé la main sur mon père. Mon père, deux fois plus costaud que lui, avait forcément le dessus. Je l'entendais en plus, Sixte le suppliait d'arrêter. Et il le fit. En prenant ma main, Sixte nous éloigna et il promit que le jour de ses dix huit ans, il évanouirait une bonne fois pour toute dans la nature. Dans ma petite tête d'enfant, c'était clair : Sixte allait m'abandonner moi aussi un jour.

***

J'avais quinze ans quand mon frère a commencé à me faire trainer avec ses amis. On sortait, on buvait, on fumait... Au début, je n'étais pas d'accord mais en les voyant tous s'éclater, je me suis laissée faire. J'étais toujours "muette". Mais quand j'étais dans un état second, je me mettais à parler comme jamais. Et j'étais devenue une vraie petite femme, j'avais ce qu'il fallait où il le fallait et puis... Je le voyais. Je veux dire, je le voyais que j'étais mignonne. Et je n'étais pas la seule. Les amis de mon frère le voyaient aussi. Mais à chaque fois qu'ils ont essayé quelque chose avec moi, Sixte était là pour les en empêcher. Jusqu'à ce jour.

« Hep, Dolores, viens voir! »

Sans dire un mot, je m'étais approchée et ce type, le pote de mon frère, m'a fait des choses qu'on ne m'avait jamais faites auparavant. Je n'ai pas spécialement aimé. Enfin si, c'était sympa. Mais je n'ai pas compris pourquoi les gens en faisaient tout un plat. C'était assez fadasse au final. L'amour? Le sexe? C'est vraiment fadasse. Limite écœurant.

***

« Sixte, non, ne t'en vas pas! Attends mes dix huit ans! Ou kidnappe-moi... Mais me laisse pas seule! Pas avec eux... Je le supporterais pas, j'en mourrais! »

Je pleurais. Mes sanglots rendaient mes paroles presque incompréhensibles. C'était bon, Sixte avait dix huit ans. Il voulait partir, il allait le faire... J'en étais complétement détruite.

« C'est impossible. Je pars Dolores. Sans toi, sans personne. Je recommence ma vie loin de ces barges. Je ne t'oublierais jamais... »

Il s'était approché de moi, de mon corps secoué par trop de larmes pour le serrer fort. Très vite, je l'ai repoussé. Le chagrin s'était transformé en haine.

« Dolores, je t'en prie, je t'aime tu sais... On se retrouvera un jour c'est sûr. »

Je tremblais maintenant de rage. En fait, on aurait dit un marsupial qui sautillait partout. J'étais rouge de colère, si bien que j'avais l'impression que j'allais exploser.

- Si tu pars Sixte... Si tu pars sans moi, oublie-moi parce que moi, je t'oublierais! Je te rayerais de ma vie, je ferai comme si je n'avais jamais eu de frère! T'as compris?!

Sixte avait pris le temps de me regarder une dernière fois. Dans son regard, j'avais senti de la tristesse mais ma colère n'avait pas laissé de place à la compassion. C'est comme ça que j'ai dit adieu à mon frère. Ça fait maintenant six ans que je n'ai plus vu Sixte. Six ans que ma vie s'est arrêtée. Six ans où j'ai fait n'importe quoi. Six ans qui m'ont définitivement transformée en une personne froide, arrogante et désagréable. Dolores veut dire douleur, vous croyez que c'est juste une coïncidence?