Minuit et demi, j’avais enfin terminé mon service. Ce fut encore une longue soirée, les clients cessant de m’interpeller à droite à gauche, il faudrait réellement que j’envisage de faire autre chose que serveur. Pourquoi ne pas reprendre mes études quelques temps ? Ou tout simplement faire jouer ce foutu diplôme d’ingénierie. Quelle idée j’ai eu de faire ce genre d’études. Je savais que cela me serait inutile, j’aurais dû m’écouter plutôt qu’écouter mes parents. Encore une erreur de plus. Je sortis par la porte arrière du restaurant, déposant les sacs poubelle dans la benne que le directeur avait ‘oublier’ malencontreusement. Comme chaque soir. Je jetai un coup d’œil sur mon téléphone, aucuns messages, aucuns appels. Parfait, j’avais plus qu’à rentrer chez moi et m’allonger sur ce bon vieux canapé. Laissant mes jambes seules me guider, mon esprit divaguait ailleurs du moins pas sur le chemin que j’empruntais. Je m’arrêtai. Passant ma main devant mon visage je relevai la tête, je n’étais pas vraiment arrivé devant la porte de mon appartement, mais plutôt devant Le Club. Ce fameux club de striptease où travaille Jordan. Depuis la fois où je l’ai suivi à travers les rues d’Athens pour savoir où est ce qu’elle allait chaque soir discrètement, je ne pouvais m’empêcher de penser à elle, à ce qu’elle faisait. Je n’avais pas le droit de la critiquer, au contraire je la respecte d’avoir le cran de faire ce genre de travail. Pourtant j’ai toujours cette furieuse envie de la retenir à chaque fois qu’elle s’en va, envie de frapper chaque personne qui ose poser son regard sur son corps – qui certes est plus qu’agréable à regarder-. Je sortis mon portable de ma poche et lui envoya un message : ‘T’as bientôt fini ?’. J’attendis plusieurs minutes une réponse, le mec de l’entrée me dévisageai et commença à s’approcher de moi. ‘Excusez-moi Monsieur, vous rentrez ou pas ? Sinon je vais devoir vous demander de vous déplacer.’ Hochant la tête positivement je le suivis et franchis le seuil de la porte. C’était la première fois que je rentrai à l’intérieur, c’était la première que je rentrai dans un club de striptease tout simplement. Je suppose que n’importe quel homme serait en émoi, tout excité par ce qui l’attend de l’autre côté de cet épais rideau rouge. Moi, non. Je ne savais pas réellement ce que je faisais et pourquoi je le faisais. Mais j’étais bel et bien là. Une fois dans la pièce principale mon regard chercha instinctivement Jordan, mon cœur battait à une allure folle de peur de la voir dans un accoutrement qui ne me plairait pas. Je m’approchai du bar, j’avais dans l’intention de demander si je pouvais voir Jordan, mais ici ce ne sont pas des choses qui se demandent. Une feuille de tarifs avait été posé sur le comptoir, je la pris et regarda les différentes prestations que les filles pouvaient donner. Je me sentais mal à l’aise rien que de faire ça, comme un pervers en manque de sexe. Des choses inimaginables étaient proposé ne dépassant pas –et heureusement !- tout rapport quelconque. Je parcouru la liste et m’arrêta sur une de ces prestations, la seule qui pourrait me laisser quelques minutes avec elle.

J’étais à présent installé dans une pièce à l’écart, rideaux fermés attendant sa venue. J’avais payé une fortune pour ça, mais peu m’importait elle allait pouvoir se reposer quelques instants et de mon côté j’allais pouvoir la voir. D’une manière différente de d’habitude mais je la verrai elle. M’asseyant sur le canapé rouge, j’observais l’environnement autour de moi. Une barre de pool dance sur un podium. Une coupe de champagne. Je m’imaginai tous ces mecs, verre à la main, l’autre main occupé à autre chose discrètement regardant une fille à moitié nue se trémoussant sur une barre de fer. Et pas n’importe quelle ma fille, MA Jordan. J’en déglutis tellement cette vision me donnais envie de vomir. Des bruits de talons se firent entendre, mon cœur s’accéléra j’avais hâte de voir sa réaction en me voyant sur ce canapé. Le rideau s’ouvrit, puis elle entra dans cette pièce obscure. C’est vrai qu’elle était belle, magnifique même. L’espace d’une seconde l’idée de la prendre dans mes bras et de l’embrasser me traversa l’esprit. Mais je n’étais pas là pour ça. Je pris une voix rauque, pas du tout naturelle et lui dis, ‘Alors mademoiselle, je l’attends cette danse ! Viens donc trémousser ton popotin devant moi !’. Je ne pouvais garder mon sérieux plus longtemps, je fus pris d’un fou rire incontrôlable. C’est là qu’elle me reconnut, moi son Nath. D’abord surprise, puis gêner. Je me levai, m’approchant d’elle. Je retirai ma veste de mes épaules et m’en servit pour couvrir les siennes. ‘Viens par-là ma jolie.’ Je la pris dans mes bras, serrant mon étreinte en signe de compréhension. Puis je nous dirigeai tous les deux vers cet immense canapé.