C’est une histoire qui pourrait commencer par un magnifique « il était une fois ». Il était une fois deux étudiants en fac de médecine, Laura et Aaron. Il était une fois l’histoire d’un coup de foudre ; il avait 22 ans, elle 21, et un simple regard leur suffit pour savoir qu’ils passeraient leur vie ensemble. Ce fut presque sans une hésitation que sans se connaitre, ils vinrent vers l’autre … et s’embrassèrent, pour ne plus se quitter.

Leur vie s’annonçait superbe. Tendre. Amoureuse. Parfaite. Ce qu’elle fut, même si Laura dut abandonner ses études assez rapidement. En effet elle tomba vite enceinte – évènement qu’elle ne regretta pas le moins du monde – et préférait pouvoir se consacrer à sa famille et à son bébé à venir. Et de toute façon elle savait très bien qu’elle ne pourrait jamais assumer sa grossesse en continuant ses études ; ça serait trop épuisant et stressant pour son bébé. Alors Aaron redoubla d’efforts pour réussir, se trouvant même un petit boulot de nuit pour pouvoir mettre de l’argent de coté. Tout était prévu et à 8 mois de grossesse, les futurs parents avaient déjà préparé tout le nécessaire pour accueillir ce petit garçon ou cette petite fille qui viendrait donner un sens à leur vie. Hé non ils ne savaient pas le sexe du bébé ! Ils prenaient ça comme un jeu, et avaient voulu la surprise. De toute façon, fille ou garçon ne changerait rien à l’amour qu’ils porteraient à cet enfant.

Ce fut en fin de soirée que le petit Maxime pointa le bout de son nez ; une chance que sa mère ne dorme pas encore ! Invitée exceptionnellement à un anniversaire qui s’était fini assez tard, Laura n’avait pas tardé à comprendre que le travail commençait. Impossible de l’emmener à l’hôpital : ses amis n’eurent pas d’autre choix que la faire accoucher sur le canapé, et furent surpris par le peu de temps nécessaire à cet accouchement. « Seulement » deux heures ! Laura, épuisée, n’avait pas tardé à s’endormir et les invités s’étaient donc naturellement tournés vers Aaron pour lui demander comment appeler ce magnifique petit garçon. Le nouveau papa, émerveillé de cet ange qu’il tenait dans ses bras, répondit qu’ils avaient choisi de lui donner le prénom de son grand père maternel, mort seulement quelques mois auparavant, et celui qu’ils avaient déjà décidé ensemble. Ainsi vint au monde Charles Maxime Faure.

L’enfance du petit brun fut tranquille, bien qu’il se révèle assez … solitaire. Ce qui inquiétait d’ailleurs pas mal ses instituteurs et ses parents. Mais le garçon n’avait aucune envie d’aller vers les autres, et ce sentiment qui se dégageait de lui faisait que les autres le trouvaient « bizarre » et le laissaient seul. Mais ça lui allait très bien au fond. Il adorait être avec ses parents, mais les enfants de son âge, non, vraiment il avait du mal à rester avec eux. Mais malgré ça il se trouva vite être un enfant très intelligent, qui s’adaptait facilement aux situations et aux personnes autour de lui, et acquis avec une facilité déconcertante les langues qu’il entendait autour de lui : français, espagnol et portugais furent les trois langues qu’il parla couramment dès son plus jeune âge. Et déjà du haut de ses 5 ans il faisait la fierté de ses parents.

A 12 ans, la fierté qu’ils lui portaient était toujours présente bien sûr … mais il devint plus compliqué de le montrer. Le garçon commença tôt sa crise d’adolescence, et bien qu’il s’investisse à fond dans ses études il se révoltait totalement contre ses parents. Il commença à développer un style gothique dans le seul but de les provoquer, se mit à fumer, et pire que tout pour sa mère surprotectrice il faisait le mur pour retrouver sa petite amie ! Mais la plus grosse claque qu’elle se prit fut de savoir que son fils reniait totalement son premier prénom, ne se présentant que comme Maxime. Peu de gens savaient que ce n’était que son second prénom. Cela lui fit mal, et cette rancœur qu’elle garda contre son fils n’aida en rien puisqu’elle jetait souvent de l’huile sur le feu et provoquait un certain nombre de disputes. Mais la plus grosse dispute qu’ils aient jamais connue fut lorsque l’adolescent eut 16 ans et qu’il annonça à ses parents … que sa copine était enceinte. Johanna n’avait que 15 ans et elle insistait pour garder ce bébé, quoiqu’il arrive. Ce que Maxime – fou amoureux – avait totalement accepté. Ok tout ne serait pas forcément simple, mais ils étaient ensemble depuis plus de 7 mois déjà et ils étaient si unis et complices qu’il avait confiance en leur couple. Mais Laura et Aaron, espérant faire comprendre son erreur au brun, lui lancèrent un ultimatum : hors de question qu’il vive encore chez eux s’il reconnaissait cet enfant. Qu’à cela ne tienne ! Il fit ses bagages et quitta la maison avant même que ses parents ne comprennent ce qui se passe.

Ce fut son meilleur ami qui le recueillit chez lui, sans poser de jugement. Enfin meilleur ami … En fait Sloane était comme le grand frère que Maxime n’avait jamais eu. Cet américain venu en France dès sa majorité avait toujours pris sous son aile ce sale môme qu’il adorait, lui offrant un toit pour la nuit quand l’adolescent refusait de rentrer après une dispute avec sa mère. Il ne disait qu’une chose au brun en échange de tout ce qu’il faisait pour lui : qu’ils ne parlent qu’en anglais. L’américain restait attaché à sa langue maternelle, qu’il trouvait plus belle que le français, et il refusait de s’en défaire. L’effort fut donc au brun qui dut apprendre cette langue inconnue du mieux qu’il le pouvait ; mais il passait tant de temps chez son frère de cœur que ce nouveau dialecte s’imposa bientôt à lui aussi simplement que si il la parlait depuis toujours. Sloane s’amusait même souvent à lui apprendre des piques et des insultes, formant des jeux de mots provoquants … qu’il regretta de lui avoir appris, ce soir là. Certes il aimait Maxime, il acceptait sa décision, mais ne supportait pas de savoir tout ce que l’adolescent avait pu balancer au visage de ses parents. Après tout ce qu’ils avaient fait pour lui ! Mais ils se connaissaient si bien que la dispute fut vite pardonnée, et l’américain le soutint du mieux qu’il put les mois qui suivirent.

Le jour de la naissance, Maxime était si nerveux et stressé à l’idée de ne pas être à la hauteur de ce rôle qui l’attendait, qu’il faisait les 100 pas dans le couloir de l’hôpital. Sans compter sur les infirmières qui le regardaient de travers. Qu’est ce qu’un gamin de 16 ans au style si bizarre – gothique ? rock ? Du mélange d’un peu tout ce qui était sombre dans sa garde robe ? – pouvait bien faire dans cet hôpital ? Bien sûr le voir avec un petit garçon dans les bras les fit jaser, mais elles s’attendrirent finalement devant les larmes de bonheur qui firent fuir son maquillage sur ses joues pâles. Oui Maxime était heureux. Heureux et fier. Mais son bonheur fut de courte durée …

Le lendemain après midi, avec l’accord des médecins, Maxime put enfin aller voir sa petite amie et lui présenter leur bébé. Mais la plus grande surprise du monde l’attendait de l’autre coté de cette porte qu’il avait passé la nuit à fixer : la chambre était vide. Vide de Johanna, vide des affaires que sa mère lui avait apporté, vide de son odeur … La chambre était abandonnée. Ne restait qu’un pendentif au fond de la corbeille à papier. Le collier que le brun avait offert à la mère de son enfant pour son anniversaire. Et Maxime comprit. Elle n’avait pas abandonné la chambre : elle les avait abandonnés, lui et le bébé.

A la grande surprise de Sloane, l’adolescent ne pleura même pas la fuite de sa petite amie. Par fierté ? Désintérêt ? Peu importait. Maxime se consacrait pleinement à ses études et à son fils, Adrian, qu’il aimait plus que tout au monde. Ses études ? Des études de stylisme. Le jeune homme avait dès son plus jeune âge montré un certain intérêt pour le dessin, et connaissait la mode sur le bout des doigts. Aussi ce choix d’orientation n’étonna personne. L’américain – choisi pour être le parrain du petit Adrian – se faisait un plaisir de garder son filleul quand le brun était en cours, lui-même vivant grâce au compte bien fourni que ses parents renflouaient généreusement chaque semaine. Et tout était au mieux. Mais très vite, l’envie de gagner lui-même de quoi nourrir son fils grandit en Maxime, et il chercha un moyen de se faire de l’argent facilement. Et pour ça quoi de mieux qu’ouvrir sa boutique en ligne ? Une fois les modèles crées par dizaines le brun créa un site de vente en ligne, sous le pseudonyme du « styliste aux doigts d’argent », signant à la fois sa passion du stylisme et faisant un clin d’œil au film qu’il avait tant adoré, Edward aux mains d’argent. Et le succès fut là ! En une semaine il avait gagné des sommes astronomiques et s’était déjà fait une bonne clientèle. Résultat fut tel qu’il stoppa net ses études pour se consacrer à temps plein à la création des vêtements en ligne, faisant son possible pour se tenir à jour dans ses commandes et conciliant parfaitement ses créations avec son fils qui grandissait de jour en jour. Une parfaite réussite en somme.

Mais très vite sa vie changea à nouveau : Sloane voulut repartir aux Etats-Unis, ne supportant plus la France et « sa mentalité de balais dans le cul ». Sauf que vivre séparément n’était plus possible pour les deux hommes. L’américain refusait de laisser ce gamin qui n’avait plus de famille, seul avec un gosse à charge ; et le brun refusait de laisser filer celui sur qui il avait toujours pu compter, son frère, son soutien … Le seul qui méritait vraiment son respect et sa confiance. Partir tous les trois fut donc une évidence, et ce fut ensemble qu’ils repartirent à Athens. Pas comme un couple et leur enfant, non ! Simplement comme deux frères fusionnels qui voulaient trouver une autre vie. Une vie sur mesure.