CHAPITRE PREMIER : le trois avril
Dans deux jours un évènement va bousculer ma vie, nos vies. Dans deux jours mon père se marie et nous déménageons dans un nouveau foyer pour démarrer une nouvelle vie. Nouvelle vie. En ais-je envie ? En ais-je le choix ? Deux questions qui resteront parmi mes questions sans réponse. Je me contenterai de dire
« ça devait arriver ». Il est vrai qu'il aurait été égoïste de vouloir vivre à deux pour toujours. Mon père a le droit d'avoie une vie épanouie et pleine d'amour. Dois-je sortir la guimauve et les violons, parce que je ferais presque chialer dans les chaumière là. Mes doigts glissent sur la couverture d'un vieux cahier que je connais par coeur, son cahier. Celui qu'il a écrit après m'avoir ramener à la maison. Ses mots, je les connais par coeur, ils sont ancrés au plus profond de moi.
Cher journal,
ma vie s'effondre. Comment puis-je continuer à vivre alors qu'Aimée, ma douce Aimée vient de me quitter. L'amour de ma vie, cette femme splendide qui avait su faire revivre mon coeur s'est envolé vers un endroit que j'espère meilleur. La plus belle chose qu'elle m'ai laissé c'est Ycare. Notre enfant, notre chaire, notre sang. L'idée du prénom était la sienne, il faut dire qu'elle a toujours adoré le mythe d'Icare. Tu sais, ce mythe où ce jeune homme s'est brûlé les ailes en voulant s'approcher trop près du soleil.Tu sais, je pense qu'elle aurait fait une très bonne mère si elle en avait eu l'occasion. Faut croire que ce n'était pas ce que le destin avait prévu pour elle. Moi, je me noie. Je m'enfonce. Je ne respire plus. La seule chose qu'il me reste à faire c'est survivre. Je le doit à Aimée et au petit. Je te laisse, les corvées de la vie m'attendent.
Amicalement, Willem-Ian
Ce passage est écrit par mon père, quelques jours à peine après ma naissance. En effet, ma mère est morte en couche. Devrais-je me sentir coupable ? La bienséance voudrait que ce soit le cas je suppose mais ne l'ayant jamais connu, je n'y arrive pas. L'aurais-je aimé ? Certainement. Mais peut-on aimer quelqu'un que l'on ne connait pas ? Je ne pense pas non. Je ne l'aime pas mais sa présence me manque. Je ne sais l'expliquer c'est comme ça. Ma mère me manque constamment, elle me manque et m'empêche de respirer par moment. Je referme rapidement le cahier que je dépose dans une des caisses du déménagement. Avec celui-ci se trouvent divers objets auquel je tiens. Divers objets qui possèdent une histoire. Des lunettes de soleil de Lust, un bracelet de Desdemone pour ne pas tout citer. Je n'ai pas pour habitude de jeter les objets que l'on m'offre, je les garde précieusement. M'emparent d'un feutre indélébile, j'écrivis rapidement quelques mots sur cette boite.
«OBJETS PRÉCIEUX ET FRAGILE, ATTENTION »CHAPITRE DEUXIEME : le six avril
Nous avons emménagé dans notre nouvelle maison. Au secours. La seule pièce où je me sens chez moi c'est ma chambre. Heureusement pour moi, je ne passe pas beaucoup de temps ici, et nous n'avons pas changé de ville. Il aurait été dommage de quitter cet endroit où chacun de mes souvenirs possède son emprunte. Je fais parti de cette ville autant qu'elle fait parti de moi. En rangeant mes affaires, je suis d'ailleurs tombée sur cette photo. Une photo vieil de plus de quinze ans où l'on peut me reconnaître posant entre mon meilleur ami Lust et sa cousine qui était à l'époque un peu bouboule, Artémis. Lust et moi avons toujours été soudés comme deux siamois. C'est simple, il est le frère que je n'ai jamais eu. Plus jeune, mon père s'émerveillait toujours devant la solidité de notre amitié. D'ailleurs, c'est le seul avec qui ça fonctionne aussi bien. En tant normal, j'évite de m'attacher au gens. Je m'évite une souffrance inutile.
Tout le monde part un jour. C'est sans aucun doute mon côté sensible qui me pousse à me forger une carapace. Je ne suis pas timide, je ne suis pas asociale, bien au contraire. Disons simplement que je garde mes distances. Pour ce qui est d'Artémis, je dois dire que je l'ai toujours trouvé adorable. Amis, était un terme simple que j’emploierai pour cette dernière. Il est vrai qu'il n'y a jamais eu rien de plus, mais rien de moins non plus. En tant normal, avec une telle complicité, j'aurais certainement tenter de coucher avec elle mais non. J'étais sans doute trop superficiel que pour m'intéresser à cette fille qui, ne nous le cachons pas, ne représentait pas vraiment un mannequin. Si je parle au passé c'est pour une raison très très très simple. Je n'ai pas revu Arté depuis un long moment déjà. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, ni même pourquoi elle est partie sans me dire au revoir. Un mystère plane encore au dessus de son départ pour moi. Je me suis bien imaginé quelque chose oui ... Enfin, cela peut paraître prétentieux mais Arté est partie peu après que Desdemone et moi nous soyons embrassés à une soirée. J'aime penser qu'elle est partie par jalousie, parce qu'elle m'aimait bien.
Bonjour, je me gonfle un peu l'égo. Comme je vous l'ai dit, Artémis et Lust sont cousins et pourtant l'entente entres eux n'a jamais été la meilleure qui soit. Je me souviens encore, à l'époque il l’appelait cochonnet. N'osant pas riposter, je ne disais rien. Que pouvais-je dire ? N'étais-je pas censé être du côté de Lust ? Si certainement. Préférant éviter des chamailleries inutiles, je ne disais rien. Je laissais la mesquinerie de celui-ci s'exprimer librement. Lâche ? Je sais que c'est ce que vous pensez et vous n'avez peut-être pas tord. Vous avez compris, le seul point de conflit entres celui que je considère comme mon frère et moi, c'était elle.
CHAPITRE TROISIEME : le huit avril
Aujourd'hui, j'ai découvert le doux minois de ma demie-soeur. C'est la première fois que nous nous rencontrions officiellement. En effet, celle-ci vient tout juste de revenir d'un voyage ayant duré un an et demi en Italie. Un voyage concernant ses études de mode parait-il. Mais comme je l'ai dit, ceci est la version officielle, la version officieuse étant que dès son entrée dans la villa, je l'ai reconnue. Ses yeux bruns, son visage d'ange, sa silhouette si frêle. Une seule chose avait changé, ses cheveux que j'avais connus plus foncés était désormais blonds clairs. Mon regard se planta dans ses prunelles tandis que je lui tendis la main pour me présenter comme si nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant. Ma voix assez grave se fit entendre
«Enchanté, je ... moi c'est Ycare». Guettant sa réaction, je constatai qu'elle était très bonne actrice puisque celle-ci entrait dans mon jeu sans aucune difficulté.
« Maëlwenn, mais mes amis m'appelle Maël». m'avait-elle fait remarqué en clignant de l'oeil. Geste qui me fit d'ailleurs bien remarqué qu'elle se rappelait de moi. Comment m'oublier en même temps ?
Des conquêtes ... J'avoue en avoir eu un nombre assez impressionnant. Je ne saurai dire combien, et cela ne m'intéresse pas. A quoi cela sert-il de compter le nombre de femmes avec qui l'on a couché ? Les coups d'une nuit sont seulement une distraction, pour moi ce n'est pas dur de séduire. Il suffit de voir ma gueule d'ange pour savoir que je fais craquer des dizaines de filles seulement en leur adressant un sourire. Bien entendu, je choisis souvent les plus belles afin de servir mes besoins d'hommes. La seule avec qui ça a réellement duré fût Desdemone. Cette femme magnifique que j'avais rencontré grâce à Artémis. En effet, elles étaient meilleures amies. Nous sommes sortis ensembles durant de nombreux mois. Elle fût sans aucun doute ma relation la plus sérieuse à ce jour. Nous avons vécu une belle histoire mais deux électrons libres comme nous finissent forcément par se repousser un jour. Dire que notre rupture fût douloureuse serait mentir puisqu'en réalité nous n'avons pas eu de rupture officielle. Nous nous sommes éloignés au point de devenir des étrangers. Des étrangers qui ont partagés de belles choses. Au fond, je sais qu'elle reste quelqu'un d'important pour moi, nous n'avons juste plus le temps de nous consacré l'un à l'autre. Argument de débile, je sais.
CHAPITRE QUATRIEME : le dix avril
Ce sont vers les cours de droits que je me suis orienté lors de mon choix d'étude, mon choix d'avenir. Avocat, comme mon père. Je veux tout comme lui, pouvoir aider des gens qui en ont besoin. Je veux les aider légalement. Bien entendu, je sais que tous ne sont pas innocent mais je ferai de mon mieux pour comprendre l'être humain. Cherché pourquoi il a fait cela. Il y a derrière tout actes un élément déclencheur pour moi. La photographie aurait été mon premier choix mais celui-ci n'était pas du gout de mon père. Les métiers artistiques ne le rassure pas. Pour lui, l'artistique rime avec pathétique. Un avocat est sûr de pouvoir subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, un photographe c'est moins sûr. Il faut que ses photos plaisent, qu'il soit original. J'ai donc abandonner l'idée, peut-être m'y consacrerai-je plus tard ? Ma passion restera pour le moment un simple passe temps, comptez cependant sur moi pour ne jamais quitter mon appareil photo que je chéri tant.
C'est d'ailleurs en me baladant non loin de l'université dans laquelle j'étudie que j'ai croisé Artémis. Si vous saviez comme elle a changé. Elle est devenue si jolie, comme dans le conte du vilain petit canard, le laid volatile qu'elle était a aujourd'hui une allure digne d'un cygne. Devrais-je regretter de ne pas m'être intéressé à elle un peu plus tôt? En tout cas, je le regrette fortement quand je vois les formes qu'elle possède aujourd'hui. Cette démarche qu'elle adopte fièrement, cette confiance en elle qu'elle semble avoir. Tout me cri que j'aurais du m’intéresser à cette fille. Une chose est sûre, je ne compte pas la laisser filer une deuxième fois.